Un dortoir de folles à Sainte-Anne
Quel spectacle plus impressionnant et plus douloureux que celui de ces pauvres êtres dont la raison a sombré ! Ils vivaient jadis complètement en marge de la société, rarement plaints ou respectés, presque toujours redoutés ou haïs. La philanthropie moderne a beaucoup fait pour ces déshérités. Elle reconnaît en eux un dépôt de toute la dignité d’un être humain provisoirement déchu de ses facultés les plus nobles, mais rendu sacré par son malheur.
Aussi de tous côtés a-t-on multiplié les asiles pour abriter et guérir, s’il se peut, ces infortunés. Les méthodes anciennes étaient purement coercitives ; au contraire on s’efforce aujourd’hui d’amener par la douceur et par des soins aussi délicats qu’appropriés au réveil des facultés engourdies.
Il est juste de dire que le zèle déployé en toutes circonstances par le personnel hospitalier aboutit souvent aux plus heureux résultats.
Indépendamment d’une guérison complète que l’on obtient quelquefois, on enregistre à peu près constamment une amélioration marquée de l’état général, et les formes douces de la démence se substituent peu à peu aux accès furieux d’autrefois.
Notre dessin de huitième page montre le curieux tableau d’un dortoir de folles à l’hospice Sainte-Anne.
Source : Le Petit Dauphinois, 8 février 1901