Au coin de la rue de Malte et de l’avenue de la République, dans un hangar qui servit jadis d’abri à la guillotine, les époux Caron avaient depuis de longues années installé un débit de vins fréquenté par les pires gredins des deux sexes.
Caron mort, on conseilla à sa femme de vendre la maison ; on lui représentait combien, à son âge, il était dangereux d’avoir affaire à une telle clientèle, mais elle en riait, prétendant pouvoir suffire seule à la besogne et affirmant qu’un mauvais drôle ou deux ne lui faisaient pas peur.
Sa confiance l’a perdue : des voisins l’ont trouvée l’autre matin, baignant dans son sang au milieu de sa boutique.
Ses assassins sont naturellement de ceux qui faisaient l’ornement de son singulier établissement de commerce.
Elle avait soixante-trois ans.
Le Petit Journal, supplément du dimanche, dimanche 18 mars 1900
C’EST AFFREUX. QUE FAIT LA POLICE?