Un enlèvement en aérocar,
Georges Rouvray
in Mon Bonheur, n°28, 1907
— Enfin ! s’écria Sam Weller en s’asseyant dans un vieux fauteuil « modern-style » comme on n’en fait plus aujourd’hui, depuis de bien longues années déjà. Je vais donc pouvoir prendre quelque repos que je me permettrai de trouver bien gagné.
Ce crime de Long-Island, je dois l’avouer, m’a donné bien du mal, mais il faut dire aussi que les rapports antégraphiques des reporters, qui permettent d’obtenir de bonnes épreuves rétrospectives d’un crime, viennent bien en aide à la police. Et je me demande réellement comment faisaient les Sherlock Holmes et autres précurseurs de l’investigation policière, telle que nous la comprenons de nos jours, eux qui ne possédaient pas l’antégraphe, ce merveilleux appareil, grâce auquel nous sommes à même de voir se dérouler devant nous les phases du drame passé, les péripéties du crime accompli, perpétré.
Ce que Sam Weller, attaché au service des détectives-investigateurs de la police américaine, appelait un repos bien gagné, consistait, en réalité, à pouvoir demeurer quelques instants dans l’appartement de garçon qu’il occupait à New-York, au 28e étage d’une maison de fort belle apparence de la 160e avenue.
Il venait, d’ailleurs, d’établir un véritable record : un crime abominable avait été commis à Long-Island. L’assassin ayant regagné la côte, y avait ensuite volé une automobile sur laquelle il avait filé, gagnant les États du Centre.
Heureusement que la machine ainsi dérobée par lui, était d’un modèle déjà ancien et n’avait pu fournir que du 140 à l’heure. Sam Weller, prévenu quatre heures après le crime, était aussi sauté dans son aérocar, et n’avait fait qu’un bond jusqu’aux bureaux de rédaction de l’« Étincelle électrique ».
On sait que ce journal publie une édition nouvelle demi-heure en demi-heure, grâce à un système très perfectionné d’appareils antégraphiques.
En quelques minutes, il put se rendre compte, au fur et à mesure qu’on développait devant lui les pellicules, des phases du drame de Long-Island, et, demandant aussi la communication du télescopone de la région ouest des États-Unis, il avait pu apercevoir l’assassin filant, avec toute la rapidité que lui permettait sa machine, dans la direction de Chicago.
Cinq heures s’étaient maintenant écoulées depuis la perpétration du crime. Sam Weller, s’assurant qu’il avait avec lui sa petite boîte de tablettes d’aliments réduits et comprimés, remonta dans son aérocar, qui était resté attaché aux fenêtres de l’« Étincelle électrique » et, sans perdre un instant, il fila à toute allure dans la direction indiquée, parvenant à s’emparer du meurtrier au moment où il abandonnait son auto pour prendre un aérocar qui maraudait dans les airs.
Les cadrans horaires de New-York marquaient alors la 13e heure, et à la 20e heure, Sam Weller triomphant, et toujours dans son aérocar, ramenait à New-York l’assassin pieds et poings liés.
Ajoutons cependant que Sam avait été fortement aidé dans sa tâche par la brigade des agents volants qui l’avaient accompagné à tire-d’ailes dans sa course.
Douze heures — exactement — s’étaient écoulées entre le moment où le détective avait appris la nouvelle du drame et l’instant où le criminel se trouvait logé en prison.
C’était là un véritable record, difficile à battre, quand on venait à considérer les gigantesques distances parcourues.
Tel était ce Sam Weller, dont la police de New-York se montrait justement fière, bien qu’il fût âgé d’une cinquantaine d’années et, depuis quelque temps déjà, considéré comme trop âgé pour rivaliser avec les jeunes détectives d’aujourd’hui.
Ceux qui le jugeaient ainsi ne se rendaient pas compte que Sam, détective de la vieille école, avait dû graduellement se mettre au courant des progrès que la science avait faits à pas de géant, toutes choses que les jeunes détectives apprenaient presque au sortir de l’école.
La 22e heure venait donc de sonner électriquement, et Sam, commençant à avoir très grand faim, pressa du doigt quelques boutons électriques, disposés à proximité de sa main.
Aussitôt servi — car les plats arrivaient des cuisines au moyen d’un monte-plat aménagé dans les parois de la muraille, il allait prendre un repas réparateur, lorsque la pièce se trouva momentanément plongée dans l’obscurité, par l’approche inopinée d’un aérocar, qui accrocha celui du détective retenu par des amarres à sa fenêtre.
Sans se déranger de table, Sam prit son cornet acoustique muni d’un mégaphone et s’écria :
— Vous ne pouvez donc pas faire attention, espèce de maladroit ! Je vais prendre votre numéro !
Mais à ce moment, les battants de la fenêtre s’ouvrirent sous une légère poussée, et quelqu’un sauta dans la pièce.
— Phelps ! mon vieux Phelps ! s’écria Sam Weller. Comment, c’est toi ? Du diable si je songeais te voir aujourd’hui ! Je te croyais là-bas, dans la baie d’Hudson ou au Kamtchatka, en train de conclure des marchés pour des achats de peaux ?
— Mais parfaitement, j’y étais encore il y a seize heures environ. Je vais te raconter tout ça, du reste, en déjeunant avec toi. Car je m’invite, je meurs de faim.
— Qu’est-ce que tu veux manger, mon vieux Harry ?
— Oh, un rien ; un poulet rôti, une laitue, des cèpes, deux soles frites et une bouteille de Bordeaux.
Sam pressa au mur les différents appels électriques, puis se retournant vers son compagnon :
— Enfin, vas-tu me dire ce qui t’amène ?
— Déjeunons d’abord, nous causerons en même temps.
Et comme Harry Phelps, affamé, mettait les bouchées doubles, le détective terminait, lui aussi, rapidement son repas.
— Voilà, commença le nouveau venu, après avoir dévoré les premières bouchées. Tu connais ma fille, Lucy, et tu sais combien j’aime peu à me séparer d’elle. Malheureusement, les affaires sont les affaires, et l’on est bien forcé, par moments, de quitter ceux qui nous sont le plus chers. Tu m’avoueras, en effet, qu’il m’est impossible d’emmener Lucy avec moi, dans les contrées arctiques que je vais visiter en quête d’achats des peaux nécessaires à mon commerce. Or, il faut que je te dise, mon vieux Sam, que Lucy n’est plus la fillette que tu as connue, il y a quelques années encore. C’est une grande jeune fille, aujourd’hui, et l’an dernier, il a bien fallu qu’elle fasse ses débuts dans le monde. Tout ceci est lettre close pour toi, qui es un vieux célibataire endurci, mais je t’assure que pour un veuf comme moi, c’était loin d’être une sinécure. Soirées, dîners, bals, que sais-je encore ? Il me fallut passer par toute la série. Bref, Lucy, qui est fort jolie, la mâtine — note que je ne le dis pas par orgueil paternel, — fut très remarquée et entourée de nombreux adorateurs. Parmi ceux-ci, il en était deux : l’un, Richard Burnham, qu’elle distingua entre tous, et auquel elle avait — avec mon consentement — donné son coeur ; l’autre, un Japonais, le prince Orakuro, qui l’avait distinguée, mais qu’elle détestait profondément. Comment, d’ailleurs, en eût-il pu être autrement, puisqu’il appartient à cette race jaune maudite qui nous infligea de si cruelles défaites au cours de la campagne américano-japonaise ? Et tu sais comme moi que la vieille haine de races est restée vivace chez nos enfants. Mais avec l’obstination naturelle à ses congénères, le prince Orakuro avait juré sur ses idoles — je l’ai appris depuis — que Lucy n’appartiendrait à aucun autre qu’à lui. Le mariage de ma fille et de Richard avait cependant été fixé, et la cérémonie devait avoir lieu aussitôt après mon retour de la baie d’Hudson et du Kamtchatka. Je partis — en aérocar, naturellement — mais, instinctivement, j’appréhendais quelque chose, sans savoir quoi et je me munis d’un appareil télépathique, grâce auquel Lucy pouvait toujours communiquer avec moi, durant mon voyage. Je l’avais installé dans la hutte que j’occupais, quand, il y a dix-sept à dix-huit heures environ, je fus soudain appelé à l’appareil. Je prêtai l’oreille et quelle ne fut pas ma stupeur, en percevant le son de voix de Lucy qui m’appelait :
— Père ! père ! faisait-elle, au secours ! On m’emporte ! on m’enlève !
Puis, plus rien. L’appareil demeura muet.
— T’es-tu assuré de la direction ? demanda le détective. — J’y ai aussitôt songé. Elle était à l’ouest et à trois degrés au-dessus de la direction normale.
— Tu dis trois degrés au-dessus de la normale ? fit Sam Weller en se livrant immédiatement à certains calculs sur le papier.
Puis, au bout d’un instant :
— Mais elle se trouvait dans les airs, alors ?
— C’est bien là ce que j’ai calculé aussi. Elle devait être à 150 mètres du sol et à 60 milles environ de New-York.
— Es-tu passé chez toi, avant de venir ici ?
— Non, à quoi bon ? Nos instruments, nos appareils, avec leur précision mathématique ne sont-ils pas là pour nous apprendre la triste vérité. J’ai pensé qu’il valait mieux, aussitôt arrivé, avoir tout de suite recours à tes lumières, sans perdre un instant de plus, et me voici, venu en droite ligne, pour ainsi dire, des régions arctiques.
Tout en écoutant ce récit, Sam Weller ne put s’empêcher de songer à ce qu’un pareil voyage prenait de temps et suscitait de périls et d’endurance aux explorateurs qui s’y livraient à l’époque où il était lui-même encore enfant.
— Et alors, fit-il enfin, que viens-tu me demander ? De retrouver ta fille ?
— Mais évidemment ! Tu es mon plus vieil ami, viens à mon aide. J’ai pensé que la position que tu occupes, et les poursuites auxquelles tu es journellement appelé à te livrer, te permettraient de découvrir plus aisément ce que je cherche, à savoir : où est ma fille ? Viens, viens, partons, pour l’amour de Dieu ! Tout instant de retard met une plus grande distance entre elle et moi ! Viens !
— C’est très joli, tout ceci, interrompit le détective, mais nous n’avons aucune piste. Laisse-moi songer un instant.
Il se prit la tête à deux mains, puis, se levant soudain et gagnant l’une des murailles de la pièce, il pressa un bouton. Un déclic se fit entendre et un volet semblable à celui d’un appareil photographique vint à s’ouvrir, laissant apercevoir une plaque de verre dépoli. On entendit une voix, à peine perceptible, dans l’éloignement :
— Quel endroit ?
— Donnez-moi toute la région New-York-Francisco, par sections d’un mille carré.
— Il fait bien sombre, mais je vais tout de même essayer, continua la voix.
— Approche-toi, Harry, viens regarder avec moi. Nous allons être bientôt fixés, j’espère, fit Weller, en l’appelant à ses côtés.
Ils étaient là depuis quelques instants déjà.
— Aperçois-tu quelque chose ? demanda le détective.
— Je ne vois que l’encombrement habituel des aérocars dans les airs, et sur terre quelques malheureux bien rares. Il fait bien sombre aussi, pour permettre de distinguer les visages. Qu’allons-nous faire ?
— Attends.
Puis, communiquant de nouveau avec la voix qui se faisait toujours faiblement entendre :
— Allô ! Êtes-vous là ?
— Oui.
— Donnez-moi une ligne toujours dans la direction de la mer, mais un peu plus au sud.
— Je ne puis vous donner que jusqu’à Red-River, à deux cents milles de la côte. Au delà, la ligne télescoponique est interrompue. Elle est en réparation.
— Quel ennui ! Quand donc arrivera-t-on à complètement perfectionner ces appareils ? répliqua Sam Weller, avec impatience. Enfin, donnez-moi toujours la ligne jusqu’à Red-River.
— Bon.
— Là. Maintenant, il s’agit de bien regarder, Harry.
Quelques instants se passèrent encore silencieusement, puis soudain Phelps s’écria :
— La voilà, Sam, voilà ma Lucy !
— Très bien. Tu es sûr ? Alors j’arrête l’appareil.
Sous la pression de son doigt, un nouveau déclic se produisit et l’image demeura fixée sur la plaque de verre dépoli.
— Si je suis sûr ? interrogea Harry Phelps. Je te dis que voilà ma fille au fond de cet aérocar. Mais qui donc est auprès d’elle ? Ah ! je m’en doutais, c’est Orakuro. Il n’y a pas un instant à perdre. Partons à leur poursuite.
— Un moment, mon ami. Il faut d’abord savoir où nous sommes là.
Et, communiquant de nouveau avec l’employé du télescopone :
— Allô ! allô !
— Oui.
— À quel point ai-je arrêté l’appareil ?
— À soixante-quinze milles de Red-River, direction est-sud-ouest.
— Bon. Merci. Là, maintenant, en route. Nous allons monter dans mon aérocar, qui va plus vite que le tien. Nous laisserons ce dernier ici.
Tous deux sautèrent rapidement dans la machine du détective, qui, aussitôt mise en mouvement, fila dans la direction indiquée. Dans la province de New-York, ils éprouvèrent quelques difficultés, car l’encombrement des cars de maîtres ou de louage était très grand à cette heure de la journée, et il s’en fallut de peu, même, qu’ils ne fussent victimes d’un accident, par la faute d’un conducteur novice. Mais la rencontre put cependant être habilement évitée par Weller. Lorsqu’ils vinrent enfin à planer au-dessus des campagnes, ils purent s’élancer à une vitesse vertigineuse.
— Je crains bien que nous ne les rattrapions pas ! dit Phelps, en rompant le silence.
— Attends. Voilà un car qui vient dans notre direction là-bas, et va passer au-dessus de nous. Si je ne me trompe pas, c’est Scott, un des reporters sportifs de l’« Étincelle électrique ». Oui, oui, c’est bien cela.
Puis appelant avec force :
— Allô ! allô ! du car. C’est vous, Scott ?
— Moi-même, répondit l’autre, en arrêtant sa machine. Ah ! monsieur Weller, je vous reconnais. Qu’est-ce qui vous amène dans ces parages ? Vous avez du nouveau ? Quelque chose d’intéressant pour le journal ?
— Non, rien. Pour le moment, du moins. Un renseignement, seulement. Vous n’auriez pas rencontré en route le car du prince Orakuro ?
— Mais si. Comme je quittais les courses de Wordley-Park, il passait à toute vitesse dans la direction de l’Océan. Je l’ai entendu jurer comme un païen, qu’il est, en passant. Je me suis retourné et un peu plus loin, je l’ai aperçu ayant une panne au-dessus de la mer. Cela doit même être assez sérieux, car sa machine battait des ailes comme une mouette blessée.
— Merci. Nous filons.
— Ne m’oubliez pas, si vous avez du nouveau ! eut encore le temps de lui crier le reporter.
Mais les deux amis étaient déjà loin. Comme ils approchaient de la côte, ils aperçurent au loin un aérocar, occupant la position que Scott leur avait décrite.
— Les voilà ! fit Sam Weller, triomphant.
Ils s’étaient sensiblement approchés sans bruit, et se trouvaient à planer au-dessus du car du prince. Celui-ci ne s’était pas aperçu de leur présence, occupé qu’il était, avec force jurons, à réparer sa machine à grands coups de marteau. Phelps ne put retenir un cri de joie :
— Ma fille ! Elle est là, allongée au fond du car.
Orakuro l’entendit, et d’un bond il fut debout. Vociférant des paroles sans suite, écumant de rage, il se baissa pour ramasser un objet de forme cylindrique, qu’il lança de toutes ses forces dans la direction des deux poursuivants. Mais dans sa hâte, il visa mal, et l’objet métallique vint à tomber en mer, en explosant avec un bruit formidable. Weller imprima un violent mouvement à l’un des leviers de son car, qui, aussitôt, monta verticalement à une vingtaine de mètres au-dessus de celui d’Orakuro.
— C’est une bombe d’éventrite, je m’en doutais, fit-il, en voyant la force de l’explosion. S’il avait mieux calculé son coup, c’en était fait de nous !
— Vous êtes à notre merci, prince ! lui cria Harry Phelps. Remettez-vous immédiatement miss Lucy.
— Eh bien ! venez donc la chercher ! répondit Orakuro. Je vous en défie. Je vous ai manqués une première fois, mais je ne vous raterai pas une seconde, je vous le jure.
— Il n’y a pas à dire, murmura le détective, il nous faut l’aborder. C’est la seule chance que nous ayons de lui enlever sa victime. Car s’il remet son car en ordre et qu’il en reprend la direction, en un rien de temps il sera au Japon, à l’abri de toute poursuite. Il possède là une machine de course de premier ordre. Je vais descendre la nôtre tout à côté ; prépare-toi à sauter dans la sienne. Tu le prendras ainsi par surprise. Y es-tu ? Eh bien, bonne chance !
Avec l’énergie du désespoir, Harry Phelps, d’un bond formidable, sauta d’une nacelle dans l’autre, et d’un vigoureux coup de poing, envoya le prince tomber au fond du car. Puis profitant de l’étourdissement produit par le coup, le père s’approcha de sa fille, qui gisait sans connaissance, la saisit dans ses bras et la remit au détective prêt à la recevoir. Il eut ensuite à peine le temps de rejoindre son ami que le prince, remis sur pieds, saisit de nouveau un objet de métal cylindrique.
— C’en est fait de vous ! hurla-t-il.
Phelps avait vu son mouvement.
— Vite, vite, Sam, pour Dieu, montons en l’air. Il a une autre bombe !
Orakuro, cherchant à viser avec plus d’attention que la fois précédente, lança son projectile. Mais déjà l’aérocar de ses adversaires se trouvait hors de portée. La bombe, dirigée d’une main que la colère rendait mal assurée, décrivit une courbe légère, puis, s’arrêtant subitement dans sa course, sans rencontrer le choc qui l’eût fait exploser, elle vint à retomber sur la propre machine du prince. Une explosion terrible se produisit, réduisant le car et celui qui l’occupait en une quantité innombrable de fragments informes, dont quelques-uns furent même projetés sur la machine du détective, sans causer d’accident toutefois, car sa vitesse d’ascension était trop grande. Se penchant par-dessus la barre de la plate-forme, quelques instants après, Sam Weller et Harry Phelps purent alors apercevoir des morceaux de bois et d’aluminium qui flottaient à la surface de l’Océan.
C’était tout ce qui restait du prince Orakuro et de son aérocar !
Lucy ne fut pas longue à revenir à elle, et raconta comment le Japonais avait eu l’audace de l’enlever, pendant qu’elle faisait une promenade toute seule dans la campagne, et malgré ses cris que nul ne pouvait entendre, éloignée qu’elle était de toute habitation. Elle avait, cependant, conservé toute sa présence d’esprit, et prenant bonne note de la position du soleil, elle avait fait de tête un calcul rapide, afin de s’assurer de la direction exacte où son père devait se trouver, et c’est à ce moment qu’elle avait envoyé à celui-ci le message télépathique, qui l’avait aussi ramené à New-York. Le prince, toutefois, se doutant de ce qu’elle faisait, l’avait brutalement rejetée au fond de la nacelle où elle avait perdu connaissance.
Avant de se remettre en route, Harry Phelps télépatha à Richard Burnham, le fiancé de Lucy, pour lui apprendre la bonne nouvelle et le tranquilliser, et quelques heures après, les héros de l’aventure se trouvaient réunis en sûreté chez Sam Weller, au 28e étage de son appartement de la 160e avenue.
— Si nous nous mettions à table ? interrogea le détective, en pressant quelques boutons électriques. Je suis sûr que le grand air a dû vous ouvrir l’appétit comme à moi. Et nous allons téléphoner à Richard Burnham de venir nous rejoindre. Qu’en pensez-vous, petite fille ?
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