Un de mes jeunes lecteurs du Tarn — très gentil garçon, si j’en crois la graphologie — me soumet une idée des plus ingénieuses, patriarcalement simple, mais encore fallait-il la trouver. L’éternelle histoire de l’œuf de Christophe Colomb !Publier cette lettre in extenso aurait merveilleusement convenu à mon genre d’activité ; mais l’administration du Journal ayant cru me devoir faire des observations sur ma désinvolture à imprimer, sans les recopier même, des correspondances de gens que je n’ai jamais vus, et à en toucher froidement le montant,Continuer la lecture « Ohé ! Ohé ! | Alphonse Allais (1894) »
Voici déjà longtemps que, voyageur de commerce, je bats les routes du Sud-Est dans mon auto, pour les cirages, pâtes et vernis de chaussures. Au printemps de 1921, j’arrivai à G…, une petite ville des Hautes-Alpes. Mes meilleurs clients de la ville sont pour moi des amis. Ces braves gens mariaient leur fille le lendemain ; ils exigèrent que je sois de la noce, comme témoin. Je ne pouvais leur refuser cette marque de sympathie.Quelle noce, mes enfants ! Ce fut pantagruélique ; il n’y a pas d’autreContinuer la lecture « Le dictionnaire mécanique | Charles Torquet (1930) »
Hârou, fils de Kor, sortit de la caverne où il avait passé la nuit. Le matin était encore jeune, et le soleil des premiers âges baignait la savane d’une lumière dorée. Là-bas, entre les roseaux, le fleuve étincelait. Hârou décida d’y aller emplir son outre de peau de bête, car, avant qu’il pût rejoindre le pays des Hommes Bruns, il lui faudrait marcher pendant longtemps à travers la Contrée sans Eau. Il prit sa sagaie et se fraya une piste parmi les herbes humides deContinuer la lecture « Conte préhistorique | Jacques Poujades (1938) »
Un soir de l’année dernière, je me promenais avec mon ami Cros [Il s’agit de Charles Cros, poète et inventeur.] à travers l’exposition d’électricité. Il avait l’air de trouver cela très inférieur et prenait des mines tellement dédaigneuses devant tous ces foyers irradiants, qu’on eût dit qu’il portait le soleil dans sa poche. Un Monsieur qui l’observait d’un air vexé lui en fit la remarque.« Pardon, dit mon singulier ami, à qui ai-je l’honneur de parler ?– À M. Jablochkoff lui-même.– Fort bien, répondit l’auteur du CoffretContinuer la lecture « Les hommes luisants | Achille Mélandri (1882) »
— Ingénieur ?— Monsieur ?— Combien d’atmosphères ?— Vingt-mille cinquante-trois…— Ce n’est pas suffisant ! Forcez !— Bien ! Monsieur ! Ces paroles étaient échangées le lundi 4 mai de l’an 2364 entre le propriétaire de l’hydroaéronef France et l’ingénieur principal de ce splendide « bâtiment » — justement surnommé « le Roi de l’Air » — qui disputait, pour la seconde fois la grande Coupe Présidentielle « Pôle Nord-Pôle. Sud ». Lors de la formation des États-Unis d’Europe en 2211 il avait été décidé, on le sait, que le président de la Confédération et le siègeContinuer la lecture « La grande épreuve | Robert Oudot (1912) »
Hier soir, lorsque j’entrai dans le laboratoire de mon très illustre ami, le merveilleux astronome Gallas Merrickh, je fus frappé, dès le seuil, de la tristesse de son visage et de l’accablement de son attitude. J’eus immédiatement la certitude qu’un malheur irréparable lui était arrivé. Or, j’aime Merrickh autant que je l’admire. Ce vieillard de soixante-dix ans est l’homme le plus complet que j’aie jamais approché ; malgré sa science, ses incursions journalières en plein ciel, il ne s’est pas désintéressé des souffrances de la terre ;Continuer la lecture « Autre planète | Maurice Montégut (1899) »
Comment le Monde finira M. Newcomb, professeur d’astronomie, vient de développer dans la revue américaine « McClure’s Magazine » de New-York, une hypothèse très fantaisiste, mais à base scientifique, sur la fin du monde, c’est-à-dire sur les phénomènes qui peuvent amener la destruction de notre globe. Ce récit dramatique a provoqué de l’autre côté de l’Atlantique une vive sensation, ce qui nous engage à en reproduire le résumé que publie « Mon Dimanche » sous la signature de M. Michel Delines. Siècle après siècle ont passé et l’humanité vientContinuer la lecture « Comment le monde finira (1903) »
SOUVENIRS POLITIQUES ET LITTÉRAIRES D’UNE VIEILLE FEMME VOYAGE AUX RUINES DE PARIS EN L’AN 3870 L’Empereur Napoléon Ier a dit que dans cent ans la France serait républicaine ou cosaque. J’ai voulu que mes pauvres yeux allassent plus loin qu’un siècle. J’ai désiré savoir ce que serait la France quand les temps chrétiens auraient doublé de valeur et d’étendue. J’ai fait appeler, non un magnétiseur qui révèle le passé, non un physiologiste qui indique le présent, mais un sorcier de profession qui annonce l’avenir. IlContinuer la lecture « Voyage aux ruines de Paris en l’an 3870 | Baronne Jenny d’Erdeck, 1870 »
Il sera difficile d’identifier l’auteur d’un texte d’anticipation paru sous le titre « Montélimar en l’an 2000 » dans Le Journal de Montélimar et de la Drôme le 1er janvier 1921. Il s’inscrit dans la tradition des Futurs de province décrits dans la presse régionale. Fantaisie montilienne Montélimar en l’an 2000 – C’est singulier, me dis-je, je ne reconnais plus Montélimar ! Je me trouvais dans un état bizarre dont je ne parvenais pas à discerner la nature. Ce qui était certain, c’est que je ne reconnais pasContinuer la lecture « Fantaisie montilienne — Montélimar en l’an 2000 (1921) »
LA FIN DU MONDE Nouvelle posthistorique Caressant sa longue barbe blanche, le non-Dieu regardait la Terre : il souriait. C’était en l’an 3000. Les hommes étaient heureux. Plus de frontière ; partant, plus de guerre, plus de service militaire : le monde entier ne formait plus qu’une vaste République universelle. Plus d’églises, plus de curés ; partant, plus de haines religieuses. Tous les humains adoraient Dieu, mais simplement, directement, sans culte extérieur. Les maladies étaient devenues fort rares, car dès leur naissance les enfants des hommes étaient prémunis contreContinuer la lecture « La Fin du monde | Jean de Polane »