Mellonta Tauta (Ce qui doit arriver) « À bord du Ballon l’Alouette, » (1 avril, 2848) Il faut aujourd’hui, mon cher ami, que vous subissiez, pour vos péchés, le supplice d’un long bavardage. Je vous déclare nettement que je vais vous punir de toutes vos impertinences, en me faisant aussi ennuyeux, aussi décousu, aussi incohérent, aussi insupportable que possible. Me voilà donc encaqué dans un sale ballon, avec une centaine ou deux de passagers appartenant à la canaille, tous engagés dans une partie de plaisir (quelle bouffonneContinuer la lecture « Edgar Allan Poe, Mellonta Tauta (1849) »
Marcel Schwob La mort d’Odjigh in Le Roi au masque d’or ( 1893) À J.H. Rosny Dans ce temps la race humaine semblait près de périr. L’orbe du soleil avait la froideur de la lune. Un hiver éternel faisait craqueler le sol. Les montagnes qui avaient surgi, vomissant vers le ciel les entrailles flamboyantes de la terre, étaient grises de lave glacée. Les contrées étaient parcourues de rainures parallèles ou étoilées ; des crevasses prodigieuses, soudainement ouvertes, abîmaient les choses supérieures avec un effondrement,Continuer la lecture « La mort d’Odjigh — Marcel Schwob (1893) »
Pierre Véron UNE PRÉDICTION PHOTOGRAPHIQUE in Paris s’amuse (1861) Et le collodion montait toujours. I En ce temps-là, — vers l’an 2000, — le recensement triennal de la population parisienne donne un chiffre de 6.997.323 habitants, sur lesquels 3.975.000 exercent la profession de photographes. L’autorité, justement émue, convoque d’urgence un congrès de statisticiens pour aviser au double danger signalé par ces chiffres imprévus — qu’on aurait dû prévoir. Les délibérations du congrès durent un mois et demi ; quatre cent douze discours sontContinuer la lecture « Une prédiction photographique — Pierre Véron (1861) »
F. de Baillehache Le Brontosaurus gigantomir in Le Figaro, supplément littéraire du dimanche n° 137, 20 novembre 1921 Le commandant Reverta était un des habitués des dîners de notre cercle ; sec comme une trique, peu loquace, brave comme une arme blanche, fidèle comme une sœur, il gardait l’auréole de ses vingt ans d’Afrique. Notre bonheur était d’arriver à le faire causer, chose rare et fort amusante. Il avait traversé le Continent noir en tout sens à une époque où c’était moins facile qu’à présent. OnContinuer la lecture « Le Brontosaurus gigantomir — F. de Baillehache (1921) »
Anonyme Un épisode de l’an 2000 (1897) Première publication : Le journal du dimanche, 15 août 1897 En ces temps-là, il n’y avait plus d’oiseaux. La Terre était une ville énorme, toute d’acier, recouverte, en guise de voûte céleste, par un inextricable écheveau de fils télégraphiques et de rails pour les aérostats. L’homme avait réalisé le rêve de l’économie sociale et conquis sa dignité vraie. Aussi s’ennuyait-il ferme. Plus d’oiseaux, plus de fleurs ; à peine avait-on conservé les femmes. Il y en avait pourtant deContinuer la lecture « Un épisode de l’an 2000 — Anonyme (1897) »
L’EXPRESS-TIMES, par Louis Mullem (in Contes d’Amérique, Éditions A. Lemerre, 1890) Les bruits d’hier soir ne sont que trop confirmés. Voici les dépêches d’un correspondant spécial, seul survivant du désastre. Nous donnons tel quel son récit télégraphié au vol : Snowtown, 27 novembre, 7 p. m. Quelle journée, quelle course, quelle fin ! Mais procédons par ordre, depuis le début. Midi juste. ― Le personnel est à son poste ; nous nous installons dans le wagon de rédaction. Un coup de sifflet et la locomotive s’ébranle ; leContinuer la lecture « L’Express-Times — Louis Mullem (1890) »
Inoculation du parfait bonheur — Albert Robida Historique de la découverte Oui, certes, auprès de la grande découverte de Éloi Modeste Aventurin Guilledaine, naguère simple entomologiste amateur à Noyon, en Picardie, toutes les autres découvertes dont le XIXème siècle avait le droit de s’enorgueillir ne sont que de la Saint-Jean, de pures vétilles ! Les chemins de fer, le télégraphe électrique, le naturalisme sont des inventions enfantines dont on ne parle plus du tout ; nous vous le demandons un peu, qu’est-ce que l’électricité ou leContinuer la lecture « Inoculation du parfait bonheur — Albert Robida »