Voici déjà longtemps que, voyageur de commerce, je bats les routes du Sud-Est dans mon auto, pour les cirages, pâtes et vernis de chaussures. Au printemps de 1921, j’arrivai à G…, une petite ville des Hautes-Alpes. Mes meilleurs clients de la ville sont pour moi des amis. Ces braves gens mariaient leur fille le lendemain ; ils exigèrent que je sois de la noce, comme témoin. Je ne pouvais leur refuser cette marque de sympathie.Quelle noce, mes enfants ! Ce fut pantagruélique ; il n’y a pas d’autreContinuer la lecture « Le dictionnaire mécanique | Charles Torquet (1930) »
Hier soir, lorsque j’entrai dans le laboratoire de mon très illustre ami, le merveilleux astronome Gallas Merrickh, je fus frappé, dès le seuil, de la tristesse de son visage et de l’accablement de son attitude. J’eus immédiatement la certitude qu’un malheur irréparable lui était arrivé. Or, j’aime Merrickh autant que je l’admire. Ce vieillard de soixante-dix ans est l’homme le plus complet que j’aie jamais approché ; malgré sa science, ses incursions journalières en plein ciel, il ne s’est pas désintéressé des souffrances de la terre ;Continuer la lecture « Autre planète | Maurice Montégut (1899) »
Tous les dimanches, dans les colonnes d’ArchéoSF, le fameux journaliste Jean Lecoq prend la plume dans la rubrique L’œil de Lecoq ! Combien sont-ils, dans l’histoire de la littérature, ceux qui créèrent un genre, exploitèrent un filon qu’ils avaient découvert, et que nul n’avait exploité, dont nul, même, n’avait soupçonné l’existence avant eux ?… Combien sont-ils ? Comptez-les. Jules Verne, dont on va célébrer le centenaire, est incontestablement un des plus originaux parmi ces créateurs. Nos abstracteurs de quintessence, nos coupeurs de cheveux en quatre, nos précieux faiseursContinuer la lecture « Jules Verne le précurseur »
L’An deux mille En l’An deux mille, il n’y aura plus ni agriculture, ni patrie, ni laboureur, ni viande, ni pain, ni vin Chacun emportera, pour se nourrir, son petit morceau de fécule, sa petite tablette de matière azotée. Discours de M. Berthelot — déjà publié sur ArchéoSF, ici Voici l’ère de la chimie, Qu’annonça monsieur Berthelot. Le vieux soleil, un peu pâlot, Sourit à la plaine endormie. Ne cherchez pas le laboureur : Il est mort avec le vieux monde ; Ne parlez plus de moissonContinuer la lecture « L’An deux mille — Paul Harel (1895) »
Lire le premier épisode 2. Le professeur d’Upsal, quand il vit que j’avais parfaitement repris mes esprits, me montra encore du doigt ces animaux protégés par les vitres de ses armoires, et me dit : — Lequel de ces individus désirez-vous que je rappelle à l’instant à la vie ? Mon savant, en m’adressant cette redoutable interrogation, me sembla transfiguré ; sa voix n’était plus mortale sonans, sa taille grandit, son geste devint superbe, et dans son oeil éclatait un feu surnaturel. Le lieu aidait aux dispositions nouvellesContinuer la lecture « Un Conteur d’Anecdotes. — Histoire d’Elfrid d’Utlange et de Catherine Madden (1844) #2 »
[En 1893, Paul Giniety imagine une suite au célèbre roman d’Edmond About L’Homme à l’oreille cassée publié en 1862. Il en reprend les protagonistes pour imaginer le monde dans un siècle… un monde utopique.] Comme le bon colonel Fougas, après toutes les émotions qu’il avait éprouvées en se trouvant tout à coup, au sortir de sa merveilleuse léthargie, transporté, lui, le héros de 1813, au Gymnase, en plein Paris de 1893, se sentait très fatigué, il demanda la permission de faire un somme. L’homme àContinuer la lecture « Chronique de 1893 : la suite de L’Homme à l’oreille cassée — Paul Giniety »
M. Thomas, chef de la Sûreté, était dans son cabinet, fort perplexe. Les deux coudes sur son bureau, et la tête entre ses deux mains, il songeait. Ah ça ! est-ce que ça allait durer encore longtemps, cette malchance, et les assassins n’auraient-ils pas bientôt fini de se jouer de lui ? Parole d’honneur, on aurait dit qu’ils le faisaient exprès ! Huit assassinats de suite, et des vrais, des gros, des crimes de fort calibre, de ces beaux crimes qui peuplent de visions horrifiques les rêves desContinuer la lecture « Le Photographe — Joseph Montet »
FANTAISIE HUMORISTIQUE LE TRIOMPHE DE LA SCIENCE par Joseph Montet (1852-1919) Première publication dans La Science Illustrée n°4 et 5, 22 et 29 décembre 1887, p. 62 à 63 et 76 à 78. Joseph Montet, romancier et nouvelliste, est né à Niort le 16 octobre 1852 et mort le 26 octobre 1919. Ancien élève de l’Ecole normale, il fut professeur de philosophie. — M. Louis Vernet, de Paris ? fit Nathaniel Simpson en regardant une carte. Attendez ! Il prit sur son bureau un répertoire d’adressesContinuer la lecture « Le triomphe de la science — Joseph Montet (1887) »
Dans le texte du célèbre discours de Marcellin Berthelot prononcé le 5 avril 1894 au banquet de la Chambre syndicale des Produits chimiques se dessine une anticipation heureuse que permettraient les progrès de la chimie. Messieurs, Je vous remercie d’avoir bien voulu nous inviter à votre banquet et d’avoir réuni dans ces agapes fraternelles, sous la présidence de l’homme dévoué au bien public qui est assis devant moi, les serviteurs des laboratoires scientifiques, parmi lesquels j’ai l’honneur de compter depuis bientôt un demi-siècle, etContinuer la lecture « La chimie de l’an 2000 — Discours de Marcellin Berthelot (1894) »