D’après les nouvelles qui nous viennent de Roumanie, la police de Kichinev, en Bessarabie, vient d’arrêter un mendiant connu dans la ville sous le nom de Léonidas Adazki. Il se faisait passer pour un unijambiste et atteint d’une très grave maladie ; mais d’autres mendiants, jaloux, le dénoncèrent comme un imposteur.
Léonidas n’était pas seulement un imposteur. Après l’avoir arrêté et emprisonné, on fit des perquisitions dans ses principaux repaires. Et c’est ainsi que l’on découvrit qu’il était à la tête d’une bande de voleurs.
Adazki, pour sa part, ne se mêlait jamais aux expéditions. C’était lui qui organisait, avec une habileté surprenante ; et, pour ne pas se faire soupçonner, il mendiait.
Il possédait quatre coffres-forts dans des banques de Bucarest. Et, quand on les a ouverts, on n’y a pas trouvé toutes ses richesses. Dans différentes cachettes, on a découvert des objets précieux d’une valeur de 7 millions et demi de francs. Parmi les objets inventoriés se trouve un étui à cigarettes en or, à l’intérieur duquel on peut lire la dédicace suivante : « Au maître de l’Autriche, l’empereur Guillaume, 1905. » L’une des faces de l’étui est en émail et porte, entouré de diamants, le portrait de Guillaume l’ancien Kaiser.
Adazki est Arménien ; il fut bijoutier à Constantinople. Il s’est enfui de la capitale turque quelques années avant la guerre, au temps où l’on persécutait les Arméniens.
Le Petit journal, 1er juillet 1928
C’est effrayant. Surtout que ce voleur ait eu confiance dans les banques.