Présentation
Le XIXe marque, non sans résistances, l’émergence de l’archéologie scientifique. Les fouilles entreprises à la fin du XVIIIe siècle à Herculanum à partir de 1738, de Pompéi à partir de 1748 puis les découvertes de Pétra (1812) et plus encore l’engouement pour l’égyptologie en France après la Campagne d’Égypte de Bonaparte popularisent les méthodes scientifiques de l’époque et soulèvent l’intérêt du public. La littérature s’inspire des découvertes archéologiques. Edward Bulwer-Lytton raconte en 1834 Les Derniers jours de Pompéi, Prosper Mérimée imagineLa Vénus d’Ille (écrite en 1835 et publiée en 1837), Gustave Flaubert reconstitue Carthage au IIe siècle avant Jésus-Christ dans Salammbô (1862). Théophile Gautier produit plusieurs textes d’inspiration archéologique comme la nouvelle Arria Marcella (1852) ayant pour cadre Pompéi ou Le Roman de la Momie racontant l’histoire d’une jeune Égyptienne au temps des Pharaons. De la reconstitution du passé grâce aux traces archéologiques à la question des traces que Paris laissera dans cent, mille ou cinq mille ans, il n’y a qu’un pas régulièrement franchi par les écrivains. Dans la préface de Mademoiselle Maupin (1835) Théophile Gautier réfléchit à ce qu’il restera de son époque dans mille ans :
Les ruines futures de Paris sont un terrain d’exploration pour les auteurs rassemblés dans cette anthologie. Pour certains, il s’agit de ridiculiser les travers de leurs contemporains, pour d’autres d’illustrer une philosophie et faire réfléchir sur la petitesse de l’homme, et pour les derniers, de tout simplement amuser le public.
Alors qu’il n’a que quinze ans, Victor Hugo aborde le thème des ruines de Paris. Dans l’ode Le Temps et les cités (1817, publication posthume en 1892), le poète évoque le futur de Rome et de Paris vouées aux ruines. Les vestiges de Paris apparaîtront vingt ans plus tard dans l’œuvre hugolienne dans Les Voix intérieures avec une vision de l’Arc de triomphe en ruines dans trois mille ans superbement illustrée par Georges Riou.
Maurice Saint-Aguet (1809-1873) est aujourd’hui un auteur oublié. Membre de la Société des gens de Lettres, il a publié des poésies (comme Les Perce-Neige), des vaudevilles, des romans. À la fin du XIXe siècle, la Comtesse Dash écrit : « [il] fit parler de lui pendant fort peu de temps ; il eut comme une fusée de succès, brillante et lumineuse. Elle retomba vite, puis il disparut de la carrière. Il avait fait un recueil de nouvelles, où il s’en trouvait une, Catherine ou la Croix d’or, qui frappa davantage les imaginations. Elle eut la bonne fortune d’inspirer deux vaudevilles qui réussirent à différents théâtres. Lafond y trouva un de ses plus beaux rôles, le sergent Austerlitz. Ce fut même, peut-être, l’origine de toutes les Croix de ma mère, de mon père, de ma tante, que nous avons vues depuis ; le mélodrame s’empara de l’idée et nous la servit sous toutes les formes. » Quant à Gustave Vapereau, il nous livre cette notice dans le Dictionnaire universel des contemporains :
En 1850, il propose dans le Bulletin des Gens de Lettres une longue nouvelle ayant pour titre Les Ruines de Paris. Il s’agit, à notre connaissance, de sa seule incursion dans le domaine de l’anticipation.
Vingt ans plus tard, Alfred Franklin, qui a fait pratiquement toute sa carrière à la bibliothèque Mazarine, dont il fut administrateur de 1885 à 1906, imagine la relation épistolaire entre une expédition calédonienne et les membres du gouvernement Nouméa dans Les Ruines de Paris en 3875 (1875) plusieurs fois réédité, modifié (sous le titre Paris dans 3000 ans, fantaisie prophétique en 1879) et augmenté jusqu’en 1908 (sous le titre Les Ruines de Paris en 4908). Érudit concernant l’histoire de Paris, il se moque dans cette œuvre de la vanité des archéologues qui pensent reconstituer le passé à partir de quelques fragments et qui risquent d’en tirer des conclusions erronées. Il aborde le thème de l’archéologie du futur une nouvelle fois dans le court texte Mœurs et coutumes des Parisiens en 1882, Cours professé au Collège de France pendant le second semestre de l’année 3882 par Alfred Mantien, Professeur d’Archéologie Transcendante (1882).
Sous le pseudonyme collectif de Santillane, nombre de collaborateurs ont rédigé des chroniques pour le journal Gil Blas. En 1901 paraît un petit conte d’archéologie du futur où l’ordre occidental a été bouleversé et dans lequel l’on retrouve des traces archéologiques parisiennes dont les savants du futur sont bien en peine de comprendre les tenants et aboutissants… pour le plus grand plaisir du lecteur.
Enfin, pour clore cette anthologie, Louis-Sébastien Mercier (1740-1814), polygraphe connu pour son Tableau de Paris et son anticipation L’An 2440, s’interroge sur l’avenir de Paris qui risque bien d’être celui de toutes les grandes métropoles du passé comme Thèbes, Tyr, Carthage ou Palmyre : un tas de ruines…
Table des matières
Les Ruines de Paris — Maurice Saint-Aguet
En l’an 5000 — Santillane
Que deviendra Paris — Louis-Sébastien Mercier
Les Ruines de Paris en 4875 — Alfred Franklin
Le Temps et les cités — Victor Hugo
Informations
PAPIER
DATE DE PUBLICATION 6 avril 2016
PRIX 12,50€
ISBN PAPIER 9782371774322
PAGES 120
NUMÉRIQUE
DATE DE PUBLICATION 19 juin 2015
PRIX 3,99€
ISBN NUMÉRIQUE 9782371771017
Partons explorer les ruines de Paris !