Atroce vengeance : un homme dévoré par des chiens
Un effroyable drame s’est déroulé tout récemment à Levallois-Perret. Un nommé Étienne Fréjaud, musicien, avait été abandonné par sa femme qui avait suivi un artiste dramatique Bouchary.
Frejaud jura de se venger. Ayant appris que son rival avait élu domicile à Levallois-Perret ; il alla louer un appartement dans cette localité et combina une atroce vengeance. Il possédait deux danois de haute taille ne connaissant que leur maître : trois jours durant, Fréjaud priva les animaux de nourriture. Ceux-ci devinrent absolument féroces.
À l’heure où il savait rencontrer les deux coupables, le musicien se rendit sur le place du Marché. Pendant les quelques minutes qu’il attendit, les chiens, tenus en laisse faisaient des bons prodigieux.
Bouchary et sa compagne ne tardèrent pas d’arriver sur la place. Très maître de lui, Fréjaud s’avança vers eux et, soudain, détachant les deux molosses, il leur montra du doigt son rival en les excitant de la parole.
La scène qui se passa fut épouvantable.
Les deux chiens se précipitèrent à la fois sur Bouchary, le renversèrent et se mirent en devoir de lui dévorer la figure.
Sans paraître éprouver une émotion quelconque, Fréjaud, les bras croisés, adossé à un arbre, regardait le supplice de sa victime.
Quant à sa femme, incapable de maîtriser son émotion, elle était tombée inanimée.
Fort heureusement, des agents, attirés par les cris de douleur, accoururent. Ils engagèrent une bataille terrible avec les danois, mais pour arriver à leur faire lâcher prise ils durent les abattre à coups de revolver. Lorsqu’on releva Bouchary, il était absolument hideux. Son visage ne formait plus qu’une bouillie, et son nez et ses oreilles avaient disparu.
Le malheureux fut transporté à son domicile dans un état désespéré.
Source : Le Petit Dauphinois, 31 décembre 1899