Présentation
Le spécialiste de la science-fiction Joseph Altairac, auteur de l’une des rares monographies francophones sur H. G. Wells, qualifie Une Utopie moderne d’« ouvrage fondamental ».
Après le recueil d’articles de prospective Anticipations ou de l’influence du progrès mécanique et scientifique sur la vie et la pensée humaine et les essais La Découverte de l’avenir et Manking in the Making, H. G. Wells livre ses idées de transformation sociale sous la forme d’un essai romancé.
Avec ses « scientific romances », H. G. Wells a imposé de grands thèmes classiques de la science-fiction : le voyage temporel dans La Machine à explorer le temps (1895), les manipulations génétiques dans L’Île du docteur Moreau (1896), l’invisibilité dans L’Homme invisible (1897), l’invasion extraterrestre dans La Guerre des Mondes (1898) ou encore l’exploration spatiale dans Les Premiers hommes sur la Lune (1901).
Une Utopie moderne (1905) synthétise toutes les idées politiques, économiques et sociales qui imprègnent la production romanesque d’H. G. Wells. Il projette deux touristes terriens sur un double de notre planète gravitant autour de Sirius. Cette Terre jumelle a mis en application les principes chers à H. G. Wells : un État mondial gouverne, les femmes sont émancipées, le racisme est refusé, la machine libère l’homme, l’économie est contrôlée. Il décrit une utopie non pas figée au stade ultime de son développement comme celles de ses prédécesseurs mais capable d’évoluer, de se transformer, de prendre en compte les avancées scientifiques et techniques tout autant que la nature humaine : H. G. Wells souhaite proposer une utopie « cinétique », c’est-à-dire en mouvement continu.
Certes, certains éléments nous semblent aujourd’hui verser dans la dystopie comme le malthusianisme généralisé, le contrôle étatique des mariages et des naissances, l’eugénisme visant à supprimer les maladies et les inadaptations sociales par le contrôle de la reproduction, la mise à l’écart des délinquants et des alcooliques sur des îles réservées, l’instauration d’un système de surveillance généralisée des déplacements de la population ou une structure de la société profondément technocratique.
Pour autant, il prophétise l’avènement d’un État universel, intervenant dans l’économie afin d’assurer un travail à chacun, une économie dirigée dans laquelle l’initiative individuelle est permise (il devine qu’un système purement étatique peut être sclérosant), et où la propriété privée est garantie mais difficilement transmissible (l’héritage étant l’une des causes importantes des inégalités sociales selon H. G. Wells). Il imagine que les femmes accèdent à des responsabilités (en Grande-Bretagne la Women’s Social and Political Union a été créée deux ans seulement avant la parution de Une Utopie moderne), qu’elles peuvent être, sous conditions, égales aux hommes (ce qui peut paraître aujourd’hui timide mais Wells est un réformateur et non un révolutionnaire). Il projette que l’on se dirige à terme vers une « synthèse universelle des races » – soulignant que les différences entre humains sont plus culturelles que génétiques – et qu’un métissage de l’humanité général soit profitable.
Si dans La Machine à explorer le temps, H. G. Wells montre ce à quoi condamne la société capitaliste c’est-à-dire la dégénérescence de l’Humanité, avec Une Utopie moderne il envisage ce que le monde pourrait être, non pas dans un esprit de système définitif ni comme modèle indépassable, mais pour permettre à d’autres de poursuivre le chemin entamé, concluant par ces mots : « Il y aura des Utopies en grand nombre. Chaque génération se fera une version nouvelle de l’Utopie, un peu plus complète, certaine et réelle, avec ses problèmes se rapprochant de plus en plus de ceux de la Chose en Action. Et enfin, quittant le domaine des rêves, les Utopies en viendront à se dessiner en projets d’exécution, et l’humanité entière façonnera l’État Mondial définitif, l’État Mondial juste et beau, vaste et fécond, qui ne sera plus une Utopie, puisqu’il sera notre monde. À coup sûr, cela viendra… »
Tel est l’espoir de l’un des fondateurs de la science-fiction, romancier, réformateur et utopiste.
Informations
PAPIER
DATE DE PUBLICATION 2 mai 2018
PRIX 22€
ISBN PAPIER 978-2-37177-551-0
PAGES 316
NUMÉRIQUE
DATE DE PUBLICATION 2 mai 2018
PRIX 5,99€
ISBN NUMÉRIQUE 978-2-37177-194-9