Un pont sur la Manche, une femme électrique, un express de l’avenir… Entre fantaisie et anticipation, causerie scientifique et fiction, Michel Verne, fils de Jules, imagine à la fin du dix-neuvième siècle ce que sera la science de demain…

Présentation

 

Avoir pour père un homme de la stature de Jules Verne et porter sur ses épaules le statut d’unique héritier du grand écrivain n’est sans doute pas chose facile.

Michel Verne naît en 1861 et connaît une jeunesse tumultueuse qui conduit son père à recourir à l’« incarcération par voie de correction paternelle » en 1875. Michel est embarqué à bord d’un navire et va jusqu’aux Indes, emmenant avec lui les œuvres de Jules Verne. De rébellion en frasques, d’inquiétudes en scandales, les rapports entre père et fils sont parfois orageux. Pourtant, à la fin de sa vie, constatant les talents de son fils, et bien qu’il lui reproche son manque de ténacité, l’écrivain confie à Michel Verne des travaux littéraires. Il l’accompagne dans ses tentatives d’écriture.

Certains textes longtemps attribués à Jules Verne — on ne reconnaissait à Michel que des remaniements — témoignent des qualités littéraires du fils. « L’Agence Thompson and Co, L’Éternel Adam et Au XXIXe siècle : la journée d’un journaliste américain en 2889 ont été écrits par Michel Verne, Jules Verne les ayant relus et corrigés avant parution. » affirme Jean-Paul Dekiss. Plusieurs romans achevés à la mort de Jules Verne sont — parfois profondément — réécrits par Michel Verne. L’Étonnante aventure de la mission Barsac est, quant à lui, rédigé par Michel d’après une quarantaine de pages laissées par son père. C’est enfin par le cinématographe que le fils poursuit l’œuvre de Jules Verne en produisant plusieurs adaptations de ses romans pendant la première décennie du XXe siècle. Michel Verne meurt en 1925. Des œuvres de Michel Verne ont été attribuées à son père. Nous avons cité Au XXIXesiècle : la journée d’un journaliste américain en 2889, c’est aussi le cas d’Un express de l’avenir recueilli dans ce volume et qui fut aussi publié sous le nom de Jules Verne sans doute à cause d’une confusion entre le « M. » de « Monsieur » et l’initiale de « Michel » (le texte est signé « M. Jules Verne »).

Au contraire, la nouvelle L’Éternel Adam qui clôt ce volume fut attribuée à Michel Verne avant que l’on redécouvre le texte d’Edom. La paternité de L’Éternel Adam fait débat. En 1973, Simone Vierne indique : « Nous avons pu consulter le manuscrit, de la main de Jules Verne, ce qui authentifie ce texte étrange. La date de composition est difficile à déterminer. L’écriture, un peu déformée, fait penser que la nouvelle remonte à 1901, au plus tôt, année où Jules Verne a à souffrir de la cataracte et se plaint d’y voir mal. » Cinq ans plus tard, le collectionneur Piero Gondolo della Riva attribue avec certitude le texte à Michel Verne : « Le manuscrit original qui appartient aux héritiers de Jules Verne est de la main de Michel ». Charles-Noël Martin penche lui aussi pour un texte du fils car il « paraît devoir beaucoup, encore, à la plume de Michel. » En 1981, William Butcher est moins catégorique : « Personne ne sait si Michel Verne n’a pas recopié une version antérieure, due à son père ». Dix ans plus tard, le Bulletin de la société Jules Verne relance le débat avec un numéro 100 consacré à la nouvelle Edom.

Les conclusions restent hésitantes : est-ce un texte du seul Michel Verne ? Certains éléments penchent en faveur de cette hypothèse mais plus encore sont ceux qui plaident pour celle d’un texte de Jules Verne remanié par son fils comme pour tant d’autres, notamment six romans datant de la fin de la vie de l’écrivain et publiés à titre posthume.

Il est vrai que le parcours éditorial de cette nouvelle est complexe et rend toutes les hypothèses sujettes à caution.

Selon ces spécialistes, la nouvelle ayant donc pour titre originel Edom pourrait dater de 1896, mais Simone Verne avance 1901, et aurait été remaniée en 1903 et / ou 1906. Sa publication en revue date du 1er octobre 1910, dans La Revue de Paris, et en volume de la même année dans le recueil Hier et demain (éditions Hetzel). Les recherches ont montré qu’un certain M. Ganderax a apporté plus de deux cents modifications, souvent marginales (ponctuation, adjectifs, etc.) Correction majeure en revanche que celle du titre devenu L’Éternel Adam au lieu d’Edom qui figure pourtant sur le texte remis par Michel Verne à l’imprimeur.

Zigzags à travers la science est une série de neuf articles publiés par Michel Jules Verne dans le supplément littéraire du Figaro en 1888. Le fils de Jules Verne y développe des fantaisies ou des anticipations relevant à la fois de la causerie scientifique et de la fiction et se rapportant à de multiples thèmes : les transports (un pont sur la Manche ou un express de l’avenir), les communications (la TSF), la médecine et les phénomènes humains (les anesthésiques ou la femme électrique), la guerre de demain (une tourelle rétractable), les animaux (de l’huître à la bécasse). Daniel Compère indique que tout ou partie de ces textes ont été écrits en collaboration entre Michel et Jules et que l’« on peut aussi penser que Michel Verne puise un certain nombre des sujets de ses textes dans les notes rassemblées par son père ». Comme son père, Michel mêle science et fiction souvent avec humour. A-t-il le talent de son père ? Nous laissons le soin au lecteur d’en juger…

Si Edom / L’Éternel Adam est parfois réédité, l’ensemble des Zigzags à travers la science n’a été édité qu’une seule fois par la Société Jules Verne en 1993. Seul L’Express de l’avenir échappe véritablement à l’oubli. Il était temps de rendre de nouveau disponibles ces textes.

Informations

PAPIER
DATE DE PUBLICATION 25 novembre 2015
PRIX 12,50€
ISBN PAPIER 9782371774308
PAGES 136

NUMÉRIQUE
DATE DE PUBLICATION 20 juillet 2012
PRIX 4,99€
ISBN NUMÉRIQUE 9782814506268

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