Un nouveau personnage
Le lendemain de ce jour, un coupé élégant et simple emportait vers le boulevard des Gobelins Franck et son inconnu. La voiture était venue chercher le docteur à son domicile de la rue Serpente, et elle allait au trot modéré des chevaux, ce qui permettait aux deux compagnons de route de causer tout à leur aise.
L’attitude de nos deux personnages fut d’abord froide et embarrassée.
Franck avait une foule de questions à adresser à son compagnon, et il ne savait ni comment, ni par où il devait commencer.
Plus il avançait dans cette voie bizarre, moins il parvenait à comprendre à quel dessein mystérieux il servait entre les mains de cet homme devant lequel tombaient ses plus fermes résolutions.
Cependant il ne voulait pas se laisser acculer dans une impasse, et il était bien résolu cette fois à savoir à quoi s’en tenir.
Et puis, faut-il le dire, il se passait dans son coeur quelque chose d’inusité et d’étrange.
Depuis une année au moins il aimait Sylvia d’un amour insensé, qu’il cachait à tous les regards, qu’il n’avait jamais confié qu’aux quatre murailles de sa mansarde. Cet amour était comme le seul esprit de sa vie laborieuse, la seule raison de son travail opiniâtre, c’était le but unique de ses aspirations ; et bien qu’il n’ignorât pas que cet amour ne devait jamais trouver satisfaction, cependant il le berçait des rêves les plus doux et des caresses les plus tendres.
Eh bien depuis la veille, un grand changement s’était opéré en lui.
En voyant l’amour que Sylvia avait inspiré à ce monsieur que l’on appelait Octave, en acquérant surtout la certitude qu’elle avait pu aimer ce petit être ridicule, il s’était senti confondu et presque humilié.
Ce n’est pas la Sylvia qu’il avait aimée, lui, ce n’est pas là surtout la belle jeune fille qu’il avait rêvée.
L’idole était descendue de son piédestal, il était tout étonné de la voir marcher et respirer comme une simple mortelle.
Quoi qu’il en soit, il ne faudrait pas conclure de ce qui précède que Franck n’aimait plus Sylvia. La jeune fille était très belle, et son coeur avait été trop sincèrement touché pour que l’impression ne subsistât pas encore forte et profonde.
Quant à l’inconnu, il se tenait dans une réserve silencieuse et observait, sans rien faire paraitre, la physionomie du jeune médecin, sur laquelle se peignaient toutes les sensations qui traversaient son âme.
— Eh bien ! dit-il tout à coup en se tournant vers son compagnon, vous avez aujourd’hui la taciturnité de l’homme heureux. Voyons, cher docteur, êtes-vous satisfait ?
Franck secoua toutes les préoccupations qui l’absorbaient et regarda son interlocuteur.
— Heureux, dit-il avec un soupir… C’est selon comme vous l’entendez.
— Vous voilà cependant au comble de vos désirs.
— En effet.
— Vous avez approché Sylvia, vous lui avez parlé, vous l’avez sauvée.
— C’est vrai.
— Que faut-il de plus ?
— Tout.
L’inconnu eut un sourire intelligent et fin.
— Tout, c’est-à-dire l’amour, n’est-ce pas ?
— Qu’est-ce que la renommée, la fortune, si je ne pouvais être aimé et, sous ce rapport, je suis encore dans la même situation qu’hier.
— Je n’en disconviens pas, et jusqu’à présent on peut affirmer, sans être devin, que la jeune fille…
L’inconnu s’arrêta hésitant.
— Elle ne m’aime pas ! acheva Franck qui pâlit et dont la voix s’émut singulièrement.
— Pas encore, du moins, ajouta son interlocuteur : au surplus, qu’avez-vous fait pour qu’elle vous aime ? Croyez-vous qu’à première vue Sylvia va s’éprendre pour vous d’un bel et fol amour ?
— Mais vous pensez cependant qu’elle pourrait m’aimer ?
— Pourquoi pas ?
— Il me semble que ce serait un rêve.
— Cette jeune fille n’aime personne encore.
— Eh bien ?
— C’est pour vous dire que votre sort est entre vos mains ; d’ailleurs, les femmes n’aiment pas, elles préfèrent tout au plus.
— Au moins si j’obtenais d’elle cette préférence.
— C’est selon.
— Avec de semblables réponses vous devinerez toujours, et vous ne vous tromperez jamais.
— C’est que vous ne me comprenez pas.
— Vous prenez le langage mystérieux des sorciers.
— Vous pensez donc qu’il faille être sorcier pour deviner les femmes ?
— On le dit.
— On les flatte.
— Vous croyez ?
— N’est-ce pas l’habitude de les flatter en tout ?
— Vous avez raison.
— Aussi les femmes, pas plus que les rois, n’ont le sentiment de la justice, la raison n’est rien en elles ; l’imagination joue le plus grand rôle.
— Puisse Sylvia s’imaginer qu’elle m’aime.
— Vous n’avez qu’à le lui faire croire.
— Comment ?
— Cherchez… Et tenez, ce qui m’étonne surtout, c’est qu’aimant cette jeune fille, vous n’en sachiez pas encore un mot.
— Moi ?
— Eh ! sans doute, étudiez-la, observez-la, et vous verrez qu’il n’y a rien peut-être de plus facile que de lui mettre l’amour en tête.
— Et le puis-je ? le pourrais-je jamais ? Quand je suis auprès d’elle, je tremble, j’ai peur, je n’ai plus conscience de moi-même.
— C’est un tort.
— Qu’y faire ?
— En prendre votre parti.
— Que voulez-vous dire ?
— Résignez-vous au rôle d’amant malheureux. Le bel Octave sera bien mieux le fait de la fille du banquier.
— Lui ?…
— Parbleu !
— Mais c’est un fat.
— Où est le mal ?
— Il est ridicule.
— Moins ridicule que vous, car il n’aime pas, lui, et il fait son affaire ; mal, il est vrai, mais il la fait. D’ailleurs, ce sera un mari parfait pour Sylvia.
— Oh ! ne dites pas cela ! fit le docteur avec désespoir.
— Octave offrira à votre idole de magnifiques cachemires, et il sera aimé, poursuivit son interlocuteur ; il offrira un coupé, et il sera chéri ; il donnera à sa femme un hôtel, tout un personnel de femmes de chambre, de laquais en livrée, tout l’attirail du luxe, et il sera adoré.
— Vous êtes effrayant, dit Franck, qui, malgré lui, se sentait pénétré par la justesse de ces observations.
— Je suis vrai, répondit simplement l’inconnu.
— Alors vous voulez me désespérer ?
— Au contraire.
— Mais tout ce que vous me dites tend à m’enlever mon courage.
— C’est que vous n’êtes pas homme de décision.
— Pauvre Sylvia ! murmura Franck.
L’inconnu remua la tête.
— Oui, pauvre Sylvia, vous avez raison, docteur, dit sentencieusement l’inconnu, et notez que toutes vos jeunes filles en sont là aujourd’hui, l’ambition du luxe les dévore et leur coeur est au plus offrant !
— Quelle impiété !
— Et vous voulez lutter ? vous voulez entrer dans la lice sans armes, sans moyens de séduction, tandis que votre rival est armé de pied en cap ?… C’est insensé !… et vous ressemblez en ce moment à nos généreux mais imbéciles aïeux, qui se laissèrent foudroyer par les Anglais, et ne voulurent pas, dans la bataille, employer les armes à feu qui leur paraissaient déloyales ; vous serez battu comme ils furent vaincus.
Franck demeura un instant pensif. Il se sentait diversement impressionné par les paroles de son interlocuteur. Son coeur honnête et droit repoussait les suggestions dont on voulait le pénétrer, tandis que la raison en posait les côtés avantageux.
Toutefois, la générosité native de son caractère se révolta contre de pareilles sollicitations, et il crut démêler un motif secret à l’insistance de son interlocuteur.
— Ce que vous me dites, répliqua-t-il alors, peut avoir son côté juste, mais il m’est impossible de me laisser convaincre par des raisons de cette nature.
— Alors, vous acceptez la défaite.
— La défaite, soit ! Je n’y laisserai pas du moins mon honneur.
— Voilà qui est parler.
— Et, d’ailleurs, permettez-moi de vous dire toute ma pensée.
— Je la devine, mais dites-la tout de même.
— Eh bien, j’ai la conviction que vous voulez me pousser dans une intrigue dont je ne connais pas le but, mais qui vous est personnelle.
L’inconnu sourit.
— Ah ! ah ! dit-il, voilà que vous devenez positif.
— Éludez-vous une explication ?
— Pas du tout… je constate un fait… mais je ne cesserai pas d’être franc, car on peut l’être avec vous.
— Eh bien ?
— Eh bien !… vous avez raison.
— Vous l’avouez.
— Pourquoi le cacherais-je ? N’ai-je pas vingt-cinq ans de plus que vous ? En outre, vous m’inspirez, je l’affirme, un réel et profond intérêt. C’est là une parenté qui m’autorise à me permettre bien des choses envers vous…
— Mais ce but, ce but ? insista Franck.
— Il existe, répondit l’inconnu, et il fallait, croyez-le, qu’il fût puissant pour m’arracher au spectacle des splendeurs d’un pays comme les États-Unis.
— Le berceau de la liberté, compléta Franck.
L’inconnu haussa les épaules.
— Ce ne sont pas les institutions américaines que je regrette, continua-t-il avec une pointe de mélancolie où se mêlait un peu d’amertume ; ces institutions sont comme toutes celles auxquelles les hommes ont communiqué leur esprit étroit et égoïste. Monstrueux assemblage de toutes les tyrannies et de toutes les licences, et, Dieu me pardonne ! je crois que j’aime mieux notre vieille Europe. Non, docteur, il y a autre chose en Amérique que les institutions réputées démocratiques : il y a la nature… la nature telle qu’elle est sortie des mains de Dieu !
Ah ! vous ne connaissez pas les forêts profondes du Nouveau-Monde. Vous cherchez Dieu au fond de vos cathédrales, et vous riez de l’honneur sur vos théâtres. Allez donc au bord des lacs sans bornes ; pénétrez dans les grands bois, au milieu des incommensurables savanes ; c’est là que vous
trouverez le Dieu que vous cherchez, le Dieu-roi, puissant enfin ? Il vous pénétrera de sa grandeur imposante et de sa fécondité inépuisable. Vous vivrez là d’admiration comme les anges vivent au ciel.
Votre oeuvre s’agrandira dans ces vastes horizons, et si jamais alors l’envie vous prend de jeter de là un regard sur le vieux continent, vous rirez bien, docteur, de ces hommes petits, ridicules et malingres, qui ont tenté de refaire la nature à leur image et qui ont osé porter une main sacrilège sur l’oeuvre de Dieu.
L’inconnu continua.
— Mais j’avais un but, mon ami, un motif impérieux, et j’ai tout quitté pour accomplir la mission qui m’était imposée.
J’ai revu l’Europe !… combien de temps y resterai-je ? c’est le secret de Dieu. Mais je jure, docteur, qu’une fois ma mission accomplie, je n’ai d’autre désir que de reprendre mon bâton de voyage et de retourner dans mes forêts vierges, où je retrouverai la liberté de la solitude !
En parlant ainsi, la voix de l’inconnu était devenue presque solennelle et grave; on pouvait même y démêler parfois comme un frémissement plein de fiévre.
Franck se sentit dominé.
Nature poétique et élégiaque, il se prenait d’enthousiasme pour cette sorte d’hymne sur les sauvages solitudes du Nouveau-Monde, et tout son être tressaillait d’aspirations inconnues.
Un moment même, poussé par je ne sais quel sentiment de mystérieuse sympathie, il tendit à l’inconnu une main que celui-ci accepta et serra avec effusion.
Ils étaient l’un et l’autre sur la pente des confidences peut-être plus intimes ; qui sait, un pas encore et ils allaient devenir deux amis ; mais la voiture venait de s’arrêter, et ils retombèrent aussitôt dans la froide et égoïste réalité.
L’inconnu sauta à terre.
— Nous voici arrivés à la maison de la Bièvre, dit-il alors à Franck, il faut songer aux affaires ; une autre fois, si vous le voulez, nous reprendrons cet entretien.
— Ah ! bien volontiers, dit Franck avec un reste d’émotion.
— D’ailleurs, cette visite ne sera pas longue, la maison est à louer depuis longtemps, j’ai le désir de l’acheter, et je ne pense pas que je rencontre beaucoup de concurrents.
Comme il disait ces mots, l’inconnu vit arriver et s’arrêter à la porte de la maison de la Bièvre une magnifique calèche attelée de deux beaux chevaux andalous.
Franck et lui échangèrent un regard étonné.
Un laquais de pied en livrée étrangère sauta prestement du siège de derrière et vint avec empressement abaisser le marchepied.
Aussitôt un jeune homme, drapant avec une suprême grâce les habits dont il était vêtu, posa le pied sur le marchepied qu’on lui offrait et sauta à terre avec la leste et fine allure d’une gazelle.
Ce nouveau personnage, dont la physionomie et le costume méritent une description toute particulière, était doté du visage le plus gracieusement aristocratique qu’on puisse voir, et son visage, d’un ovale un peu allongé vers le bas, et qui lui donnait une grande finesse de forme, était harmonieusement encadré par des cheveux blonds, fins, soyeux, naturellement onduleux. Un arc brun surmontait des yeux bleus et profonds, dont la douceur se relevait d’un reflet vif et d’un éclat pénétrant ; la teinte foncée des sourcils communiquait, d’ailleurs, une expression piquante à toute sa physionomie. On devinait une volonté énergique à voir ce nez correct dont les ailes s’ouvraient légèrement, et tout, jusqu’à sa bouche, petite comme celle d’une jeune fille, et sur laquelle courait un pli ironique, dénotait une nature exceptionnelle dont il était impossible de ne pas se sentir frappé.
On eût dit un enfant de quinze ans à peine, à en juger d’après la délicatesse élégante de ses formes, et cependant il avait une telle aisance, une allure si cavalière et si décidée, qu’il était évident qu’il avait passé l’âge de l’inexpérience et de l’hésitation.
Quoique petit, il était bien pris dans sa taille élancée et souple, et le charmant et pittoresque costume monténégrin qu’il portait ajoutait encore à la singularité du personnage.
En apercevant Franck et son compagnon, le jeune étranger avait imperceptiblement rougi, et une émotion, qui ne fut du reste pas remarquée par nos deux personnages, le domina un instant. Mais il parvint bientôt a se rendre maître de lui-même, son regard reprit l’assurance perçante qu’il avait habituellement, et sa lèvre le sourire fier et railleur dont elle était douée.
D’où lui venait cette sensation irrésistible en présence de deux personnes qu’il n’avait sans doute jamais vues ? Il faut croire que notre jeune homme cédait à un sentiment de timidité naturelle qu’il avait fini par vaincre, à un embarras imprévu qu’il était parvenu à dominer.
Franck avait été frappé tout d’abord de l’heureuse physionomie de l’étranger. Il admirait cette belle tête de jeune homme qu’on eût désiré voir sur le corps d’une belle femme. Il y avait tant de sympathie dans son sourire attrayant autant que spirituel, que son esprit et son coeur furent soudainement entrainés dans une amitié spontanée pour le jeune étranger.
De son côté, le compagnon de Franck n’était pas resté indifférent.
Son regard scrutateur avait enveloppé le beau Monténégrin, et il fut lui frappé, aussi, de cette fine intelligence qui éclairait sa physionomie, non moins que ce rayon profond et pénétrant qui partait de son oeil bleu.
Il devina une volonté supérieure, et il en fut dès lors comme gêné.
Cependant le jeune Monténégrin s’était avancé vers la porte du jardin de la maison de la Bièvre, et là, se trouvant face à face avec Franck et son compagnon, il les avait salués avec une exquise courtoisie.
Franck se rangea pour livrer passage au jeune homme.
— Après vous, monsieur Franck, dit l’étranger.
— Vous me connaissez ? fit Franck au comble de la surprise.
— Depuis hier, répondit le Monténégrin avec un grand naturel, tout Paris connait le docteur Franck qui a sauvé si miraculeusement la fille du comte de Compans.
Franck se troubla, dans sa modestie un peu ingénue, à cette louange inattendue en faveur d’une cure dont on ne devait pas faire honneur à lui seul. Combien peu de docteurs auraient cette suprême délicatesse et cette exquise susceptibilité !
Ce qui blessa le plus la loyauté du jeune docteur, c’est qu’il ne lui était pas possible de dévoiler les circonstances qui avaient accompagné cette cure.
Quant à son compagnon, il avait froncé le sourcil.
Il appuya son regard le plus perçant sur le front du Monténégrin ; mais, en dépit de sa persistance, il n’y trouva que l’expression d’une politesse de meilleur ton.
Ou le jeune étranger n’avait pas d’arrière-pensée, ou il était impénétrable.
Soit propension d’un esprit douteux, soit secret instinct ou perspicacité, il en conclut une profonde défiance contre l’étranger.
— Louange obséquieuse précède fourberie !… murmura-t-il à l’oreille de Franck, dont la naturelle confiance fut blessée de cette inspiration mauvaise.
Cependant ce dernier avait franchit la porte du jardin.
— Après vous, monsieur Lopès, dit alors le Monténégrin au compagnon du docteur.
Celui-ci tressaillit en entendant son nom prononcé par l’étranger.
Il se mordit les lèvres pour cacher le violent dépit auquel il était en proie et son oeil allumé chercha à fouiller, comme avec la lame d’un poignard, dans les yeux du jeune homme ; mais il rencontra une physionomie d’acier, impénétrable à toute l’acuité de son regard.
— Il parait que vous connaissez tout le monde, dit-il enfin avec un rire amer.
— Comme vous, j’ai beaucoup voyagé, répondit le Monténégrin.
— Il est du moins singulier que, vous trouvant sur mon chemin, je ne vous ai pas remarqué.
— Oh ! je suis si peu de chose qu’on ne me remarque jamais.
— Vous êtes vraiment trop modeste, fit celui que l’étranger avait nommé Lopès, car je vous réponds qu’il me suffit de vous avoir vu cette fois pour ne vous oublier jamais.
— Vous êtes bien bon, dit le Monténégrin avec une simplicité désespérante.
— Veuillez passer, insista Lopès.
— N’êtes-vous pas ici comme chez vous ?
— Hein ! fit Lopès en bondissant, le visage pâle et frémissant malgré les efforts qu’il faisait pour maîtriser son trouble, que voulez-vous dire ?
— Je veux dire, monsieur, que je suis Monténégrin et que nous sommes en France, répondit l’étranger avec le plus grand calme et sans paraitre remarquer l’émotion de son interlocuteur.
Lopès pénétra dans le jardin, il avait le sourcil froncé, le front pensif, presque soucieux.
Mais, surmontant bientôt son impression passagère, il secoua vivement la tête, et se tournant vers l’étranger avec ce sourire amer qui lui était habituel :
— Est-ce que vous désireriez aussi acheter cette propriété ? demanda-t-il avec une légère pointe d’ironie.
— Peut-être, répondit son interlocuteur avec un singulier accent.
Pendant ce rapide colloque, Franck avait fait quelques pas dans le jardin, et il jetait avec une sorte de curiosité étonnée des regards à droite et à gauche.