Mellonta Tauta (Ce qui doit arriver) « À bord du Ballon l’Alouette, » (1 avril, 2848)   Il faut aujourd’hui, mon cher ami, que vous subissiez, pour vos péchés, le supplice d’un long bavardage. Je vous déclare nettement que je vais vous punir de toutes vos impertinences, en me faisant aussi ennuyeux, aussi décousu, aussi incohérent, aussi insupportable que possible. Me voilà donc encaqué dans un sale ballon, avec une centaine ou deux de passagers appartenant à la canaille, tous engagés dans une partie de plaisir (quelle bouffonneContinuer la lecture « Edgar Allan Poe, Mellonta Tauta (1849) »

  Chapitre V – Le cachot des condamnés à mort   À l’un des angles du palais de Calpurnius, dans le soubassement d’une tour qui avait été construite au fond d’une cour intérieure, se trouvait le cachot des condamnés à mort. Une petite lampe portative, en terre cuite, pareille à ces milliers de lampes grecques et romaines qu’on voit dans tous les musées antiques, brûlait, dans une niche creusée dans la muraille, près de l’ouverture par laquelle j’étais descendu. Quand mes yeux se furent habituésContinuer la lecture « Une ville souterraine par Charles Carpentier (1887) — Épisode #5 »

Chapitre IV - L’interrogatoire   La salle du palais dans laquelle Calpurnius donnait ses audiences publiques était telle­ment remplie de grands personnages, de cour­tisans et de clients, qu’il fallut, d’abord, me consigner dans un couloir intérieur, avant de me faire comparaître devant lui. J’étais en face d’une porte latérale, qu’un des gardes avait entrebâillée, pour recevoir l’ordre de me faire approcher. J’eus donc le loisir d’examiner le costume et les visages des personnes devant lesquelles j’allais être amené. Au premier coup d’œil, il me fut facileContinuer la lecture « Une ville souterraine par Charles Carpentier (1887) — Épisode #4 »

  Marcel Schwob La mort d’Odjigh in Le Roi au masque d’or ( 1893)   À J.H. Rosny Dans ce temps la race humaine semblait près de périr. L’orbe du soleil avait la froideur de la lune. Un hiver éternel faisait craqueler le sol. Les montagnes qui avaient surgi, vomissant vers le ciel les entrailles flam­boyantes de la terre, étaient grises de lave glacée. Les contrées étaient parcourues de rainures parallèles ou étoilées ; des crevasses pro­digieuses, soudainement ouvertes, abîmaient les choses supérieures avec un effondrement,Continuer la lecture « La mort d’Odjigh — Marcel Schwob (1893) »

  III — Sous terre Les rues et les maisons qui s’offrirent à mes regards avaient quelque chose d’étrange, d’extraordinaire, de féerique. Les archéologues et les antiquaires qui ont visité, durant les offices d’une nuit d’hiver, nos vieilles églises du moyen âge, pourraient se faire une idée approximative du coup d’œil qu’elles présentaient, en prolongeant par la pensée l’intérieur de ces églises, avec leurs sombres voûtes surbaissées et leurs piliers épais, éclairés par des lampes ou des réverbères. Au lieu d’être gothique, l’architecture était romaine,Continuer la lecture « Une ville souterraine par Charles Carpentier (1887) — Épisode #3 »

  II — Le camp romain Rien de plus pittoresque que les sites de l’Avranchin. S’ils étaient connus, ils feraient la fortune des peintres. Le site que l’on aperçoit du sommet de Châtellier est de ce nombre. Je fus d’abord émerveillé du tableau que j’avais sous les yeux. Autour de moi se déroulait un panorama sans pareil. Quelle étendue, quelle variété de teintes ! J’étais sur une ligne où la montagne commence à décliner vers le bassin de la Sée. Sur la gauche, la côte d’Avranches,Continuer la lecture « Une ville souterraine par Charles Carpentier (1887) — Épisode #2 »

  Pierre Véron UNE PRÉDICTION PHOTOGRAPHIQUE in Paris s’amuse  (1861) Et le collodion montait toujours.   I   En ce temps-là, — vers l’an 2000, — le recensement triennal de la population parisienne donne un chiffre de 6.997.323 habitants, sur lesquels 3.975.000 exercent la profession de photographes. L’autorité, justement émue, convoque d’urgence un congrès de statisticiens pour aviser au double danger signalé par ces chiffres imprévus — qu’on aurait dû prévoir. Les délibérations du congrès durent un mois et demi ; quatre cent douze discours sontContinuer la lecture « Une prédiction photographique — Pierre Véron (1861) »

  F. de Baillehache Le Brontosaurus gigantomir in Le Figaro, supplément littéraire du dimanche n° 137, 20 novembre 1921 Le commandant Reverta était un des habitués des dîners de notre cercle ; sec comme une trique, peu loquace, brave comme une arme blanche, fidèle comme une sœur, il gardait l’auréole de ses vingt ans d’Afrique. Notre bonheur était d’arriver à le faire causer, chose rare et fort amusante. Il avait traversé le Continent noir en tout sens à une époque où c’était moins facile qu’à présent. OnContinuer la lecture « Le Brontosaurus gigantomir — F. de Baillehache (1921) »

Anonyme Un épisode de l’an 2000 (1897) Première publication : Le journal du dimanche, 15 août 1897   En ces temps-là, il n’y avait plus d’oiseaux. La Terre était une ville énorme, toute d’acier, recouverte, en  guise de voûte céleste, par un inextricable écheveau de fils télégraphiques et de rails pour les aérostats. L’homme avait réalisé le rêve de l’économie sociale et conquis sa dignité vraie. Aussi s’ennuyait-il ferme. Plus d’oiseaux, plus de fleurs ; à peine avait-on conservé les femmes. Il y en avait pourtant deContinuer la lecture « Un épisode de l’an 2000 — Anonyme (1897) »

  UNE VILLE SOUTERRAINE Histoire merveilleuse par Charles Carpentier, conseiller à la Cour d’appel de Paris Alfred Duquesne, éditeur 1885   PROLOGUE Le titre de ce livre indique quelle a été la pensée de l’auteur. Il a voulu faire une œuvre d’une exactitude parfaite, au point de vue historique, et pour en rendre la lecture plus attrayante, il a développé cette histoire dans une fiction. Comme les sujets d’actualité ne manquent jamais d’éveiller l’attention il a commencé par une mise en scène toute moderne, avantContinuer la lecture « Une ville souterraine par Charles Carpentier (1887) — Épisode #1 »