Je m’étais couché très tard et je dormais, depuis je ne sais combien d’heures, d’un sommeil particulièrement agité, quand, soudain, l’huis de ma chambre résonna sous de multiples coups, frappés avec une violence extraordinaire. En même temps, une voix inconnue vociférait du dehors : — Holà ! le vieux, ouvre-moi ou j’enfonce ta porte !… Comme il n’y avait pas de vieux dans ma maison, — du moins à ma connaissance, — je pensai que mon irritable visiteur devait sûrement se tromper. Aussi, pour aller l’en convaincre, tentai-jeContinuer la lecture « Mon bicentenaire — Henri Jousset (1914) »

[Ceci se passe en l’an deux mille cinq cents]. Sur la terre où s’apaise la rumeur des hommes et des choses, où les voix deviennent graves, les gestes lents, les âmes songeuses, le crépuscule tend ses toiles de soufre et de sang, et le soir s’avance, solennel et recueilli, en l’apothéose glorieuse où s’achève le jour. De petits nuages cotonneux rutilent comme des sphères d’or. Des ballons fusiformes strient le ciel de longs jets de pourpre. C’est l’heure où les Parisiens s’évadent vers les campagnes,Continuer la lecture « L’essence de baiser — Gaston Derys (1898) »

Lire le premier épisode Lire le second épisode III Ce qui fait peur à Travel Il peut arriver qu’un voyageur distrait monte dans son compartiment et s’installe pour dormir sans s’assurer que la portière est bien fermée. Il peut arriver qu’un choc fasse ouvrir la portière et que le voyageur endormi tombe sur la voie. Ainsi s’expliqua le cas de Travel. Tout le monde crut à un accident. C’était à peu près vrai en ce sens que Travel ne se précipita point sur la voieContinuer la lecture « Nira — Australe mystérieuse ou Les Deux Reines du pôle / 3 »

L’An 2075 Velut Aegri Somnia (Citation d’Horace : « Comme les rêves d’un malade »). I En deux mille soixante et quinze, deux cent cinquante ans juste après l’heure où cette révélation m’avait été faite, le continent d’Europe n’existait plus. Alors un sage vint de l’extrémité des contrées orientales, sillonner sous de blanches voiles le jeune Océan qui grondait encore avec orgueil sur le sol des vastes empires qu’il tenait abîmés. Le vaisseau qui portait Abein-El-Razy, s’arrêta non loin des lieux où fut une des plus fameuses métropoles duContinuer la lecture « L’An 2075 — Alphonse Rabbe (1836) »

La spacieuse « library » du Reform Club était assoupie, ce soir-là, dans un silence qui révélait la morosité des membres présents. Cette tristesse n’avait d’autre cause que la mélancolie spleenitique du temps. Le docteur Schley, une célébrité médicale, l’ami et le protégé de Mackenzie, venait d’entrer. Après avoir échangé quelques phrases banales avec lord Kanthbouglf, un des hommes à la mode, il s’installa commodément dans un vaste fauteuil de cuir vert qui faisait face à une baie vitrée, et alluma un havane. De ce poste d’observation,Continuer la lecture « Les yeux fixes — Léo d’Hampol (1920) »

L’An deux mille En l’An deux mille, il n’y aura plus ni agriculture, ni patrie, ni laboureur, ni viande, ni pain, ni vin Chacun emportera, pour se nourrir, son petit morceau de fécule, sa petite tablette de matière azotée. Discours de M. Berthelot — déjà publié sur ArchéoSF, ici Voici l’ère de la chimie, Qu’annonça monsieur Berthelot. Le vieux soleil, un peu pâlot, Sourit à la plaine endormie. Ne cherchez pas le laboureur : Il est mort avec le vieux monde ; Ne parlez plus de moissonContinuer la lecture « L’An deux mille — Paul Harel (1895) »

Conte futur Pour M. H. Gomot, respectueusement. — Eh bien, il n’est que tôt ! s’écria le vieil Anthime Chatelus, en alignant deux rouleaux de louis d’or, et je regrette maintenant d’avoir vendu la « Grise » à la remonte de Guéret. J’en aurais tiré trois cents francs de plus, ce matin, à la foire de Felletin, où des maquignons achetaient tous les jeunes chevaux. La fermière de Vallières déchira les deux cartouches de papier bleu, les louis ruisselèrent sur la table où traînait un reste de repas,Continuer la lecture « Les Chevaux de guerre (conte futur) — Camille Audigier (1913) »

Lire le premier épisode 2. Le professeur d’Upsal, quand il vit que j’avais parfaitement repris mes esprits, me montra encore du doigt ces animaux protégés par les vitres de ses armoires, et me dit : — Lequel de ces individus désirez-vous que je rappelle à l’instant à la vie ? Mon savant, en m’adressant cette redoutable interrogation, me sembla transfiguré ; sa voix n’était plus mortale sonans, sa taille grandit, son geste devint superbe, et dans son oeil éclatait un feu surnaturel. Le lieu aidait aux dispositions nouvellesContinuer la lecture « Un Conteur d’Anecdotes. — Histoire d’Elfrid d’Utlange et de Catherine Madden (1844) #2 »

1. Un jeune voyageur arrivé depuis peu de temps de Stockholm est venu me voir dans ma solitude champêtre où il a passé une journée entière. Après le déjeuner, je me disposais à lui narrer, selon la presque séculaire habitude que j’en ai prise, quelques anecdotes du temps passé et présent, quand il m’a dit : — Mon respectable ami, je veux enrichir aujourd’hui votre immense répertoire de faits curieux d’une histoire que vous regarderiez comme un conte si tout autre que moi vous la débitait.Continuer la lecture « Un Conteur d’Anecdotes. — Histoire d’Elfrid d’Utlange et de Catherine Madden (1844) #1 »

L’archéologie du futur est un thème récurrent de la science-fiction ancienne ou moderne. Dans ce petit texte paru dans la presse, des questions restent sans réponse à propos d’un statue retrouvée par hasard… LA STATUE DE GAMBETTA EN L’AN 2000 M. Millaud suppose qu’en l’an 2000, en réparant le garde-meuble où il y a divers grands hommes démodés, on découvre une statue qui porte un nom assez visible encore : « Gambetta. » Il est plus que probable que cette statue a occupé une des places de ParisContinuer la lecture « La statue de Gambetta en l’an 2000 — M. Millaud (1888) »